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au fil du temps
28 juin 2007

Baudelaire - La chevelure

La Chevelure

O toison, moutonnant jusque sur l'encolure !
O boucles! O parfum chargé de nonchaloir !
Extase! Pour peupler ce soir l'alcôve obscure
Des souvenirs dormant dans cette chevelure,
Je la veux agiter dans l'air comme un mouchoir !

La langoureuse Asie et la brûlante Afrique,
Tout un monde lointain, absent, presque défunt,
Vit dans tes profondeurs, forêt aromatique !
Comme d'autres esprits voguent sur la musique,
Le mien, ô mon amour! nage sur ton parfum.

J'irai là-bas où l'arbre et l'homme, pleins de sève,
Se pâment longuement sous l'ardeur des climats;
Fortes tresses, soyez la houle qui m'enlève !
Tu contiens, mer d'ébène, un éblouissant rêve
De voiles, de rameurs, de flammes et de mâts:

Un port retentissant où mon âme peut boire
A grands flots le parfum, le son et la couleur
Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire
Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire
D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur.

Je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse
Dans ce noir océan où l'autre est enfermé;
Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !

Cheveux bleus, pavillon de ténèbres tendues
Vous me rendez l'azur du ciel immense et rond;
Sur les bords duvetés de vos mèches tordues
Je m'enivre ardemment des senteurs confondues
De l'huile de coco, du musc et du goudron.

Longtemps! toujours! ma main dans ta crinière lourde
Sèmera le rubis, la perle et le saphir,
Afin qu'à mon désir tu ne sois jamais sourde !
N'es-tu pas l'oasis où je rêve, et la gourde
Où je hume à longs traits le vin du souvenir ?

Baudelaire

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Commentaires
C
ma crinière n'est ni d'ébène ni d'azur, elle est comme un champ de blé mur ondoyant au vent d'été...<br /> <br /> d'or elle resplendit et de parfum ennivrant elle séduit les sens...<br /> <br /> ses lourdes boucles caressent maintenant mes épaules et dans cette crinière aux reflets de la lionne, viens main timide et caressante<br /> <br /> te perdre et te trouver et oublier le temps...<br /> <br /> à ma fontaine sacrée tu mouilleras tes lèvres<br /> à ton désir ardent je répondrai<br /> et au nectar divin nous goûterons ensemble...<br /> <br /> à vous Baudelaire ces mots simples et mes remerciements ...
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